Entrevue avec Sara Dignard à Radio-Canada

Sara Dignard en entrevue à l’émission Bon pied, bonne heure! alors qu’elle nous parle de son projet en collaboration avec Marie-Line Leblanc, sur les ondes de Radio-Canada, le 23 juin 2016.

http://ici.radio-canada.ca/emissions/bon_pied_bonne_heure/2015-2016/archives.asp?date=2016-06-23

Entrevue avec Maryse Goudreau à Radio-Canada

Maryse Goudreau en entrevue à l’émission Bon pied, bonne heure! sur les ondes de Radio-Canada le 22 juin 2016.

http://ici.radio-canada.ca/emissions/bon_pied_bonne_heure/2015-2016/archives.asp?date=2016-06-22

Cérémonie du lever de Soleil avec Lindsay Dobbin

Crédit Nigel Quinn

Le 21 juin à 5h, Lindsay Dobbin conviait les gens à une Cérémonie du lever de Soleil dans les grottes à la plage de la Dune du Sud pour ensuite présenter Les sentiers invisibles, un moment d’écoute suivi d’une marche au tambour sur la butte des Demoiselles.

 

 

Le départ.

Il fallait un bateau pour terminer l’aventure, un bateau de bois et de matières trouvées. Il fallait ce bateau aux formes différentes, un bateau dessiné à la main et inspiré de tous les autres. Un bateau qui en contient mille autres en somme.

 

Il fallait le bois que l’on trouve sur les plages, le bois donné prêté ou récupéré, le bois travaillé à même l’atelier, bois fabriqué et devenu, le bois hérité d’un grand-père architecte, magicien de la forme, transformeur de bois.

 

Il fallait le départ comme un souvenir vague, l’horizon embrassant le bateau à son arrivée, un départ vers on ne sait où, on ne sait comment, un départ émotif comme ils le sont toujours ici.

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Pour ouvrir vers l’histoire, celle que l’on raconte aux enfants le soir. Cette histoire d’un bateau accosté ici par un soir de juin, d’un autre bateau, tout petit celui-là, parti en recherche du monde. Ce bateau là trouvé, légué, redonné.

 

Comme une offrande à la mer et à ceux qui l’entourent.

 

Christopher Boyne a voulu construire, au cours de sa résidence pour Le chant des pistes, un bateau-maquette d’environ six pieds qui représenterait les bateaux madelinots, et sa rencontre avec les Îles. Lors de l’événement de clôture du Chant des pistes, le 25 juin, il mettra à l’eau son embarcation, clôturant ainsi l’événement tout en l’ouvrant vers une foule de suites possibles, puisque l’issue de ce voyage restera indéfinie.

Suivre les pistes.

Où vont tous ces pas qui s’égarent, soufflés par le vent?
Où mènent-ils, ces pas que l’on fait sans les voir, sans y penser?
Ont-ils un lieu, un point focal, une destinée ou une voix?
Qu’est-ce qui est important?

Est-ce le pas de celui qui marche, la fragilité de sa posture, l’infini travail musculaire d’équilibre et de déséquilibre qui ordonne le mouvement?

 

Tous ces gens qui parlent, racontent en marchant, respirent sans le savoir dans les pas des autres. Tous ces gens qui traversent le même espace sans jamais se croiser. Comment les réunir? Comment les faire se croiser sans les faire se croiser? Comment cartographier ces rencontres sans briser le quotidien, l’essence même de l’inconnu?

Au cœur de tout ça, on se rencontre.
Peut-être pas sur le papier.
Peut-être pas ailleurs.
Peut-être au milieu même des pas.

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Marie-Line Leblanc et Sara Dignard ont trouvé dans Le chant des pistes des terrains communs où amalgamer leurs pratiques. Artistes de l’espace et de la poésie, elles investissent l’est des Îles à la recherche de ces marches quotidiennes, qu’on fait sans y penser, espérant trouver des points de jonction entre les gens qu’ils auront rencontré. Une présentation de leur travail aura lieu le 25 juin, à la Maison des jeunes de Grande-Entrée.

S’égarer, s’effacer

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Crédit photo Nigel Quinn

Jeudi 23 juin:

15h : L’écoute pour se repérer – Marche d’écoute avec Lindsay Dobbin sur la plage du Corfu.

17 h : Séance d’écoute des histoires récoltées par Adriana Kuiper et Ryan Suter sur le site extérieur de la Microbrasserie À l’abri de la Tempête! Le lendemain, vendredi 24 juin, ils promèneront à vélo une tour de transmission qui diffusera ces histoires sur le territoire.

19 h 30 : Conversation « en cours » avec Michael Fernandes au Quartier Général, 518 ch. Gros Cap. L’intervention de Michael est située sur le chemin des Huet à Fatima, vous êtes invités à entrer dans la petite clairière qu’il a aménagé en espace de rêve, pour une rencontre intimiste avec le lieu!

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Ni la nuit ni le jour.

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Je suis là dans la maison du rêve.
Une maison sans murs et sans portes.
Maison sans planchers, où l’on est libre de flotter, d’errer, d’être.

Je ne me questionne plus :
Suis-je bien ici?
Est-ce bien moi qui vole?
Est-ce bien moi qui raconte et vit en même temps?

Tout ça disparaît.
Magiquement, tout disparaît.

Rien que le souffle du vent, qui n’est au fond qu’un respir.

Suis-je en train de rêver?
Dès la minute où je le demande, alors je ne rêve plus.
Dès la minute où je cherche le sens, alors je ne trouverai plus.

L’horizon est ouvert à qui sait le chercher.
Il suffit d’ouvrir les valves, de dormir les yeux grands ouverts.

Si je cherche les barrières, elles sont faciles à voir.
Si je cherche la liberté, elle est partout autour.

 

 

 

Pour Michael Fernandes, Le chant des pistes est une occasion de créer un espace physique pour le rêve. Sur le chemin des Huet, à Fatima, il a souhaité dessiner un espace sur le sol à l’aide de branches, de pierres et de tous autres éléments trouvés. Il souhaite délimiter l’espace, et par celui-ci, donner accès à l’acte de rêver. Le 23 juin, il nous invite à une « Conversation en cours », dans un lieu encore à définir.

L’enfant et la baleine.

Je vois une enfant, assise sur le rivage. Elle a les yeux plein d’eau, et ce qu’elle voit, ce qu’elle est seule à voir, semble la bouleverser. Sa respiration est douce comme celle d’une grand-mère qui aurait tout vu, tout vécu. Son souffle, déjà, est celui de l’artiste qui façonne un monde à partir de bouts de rien, qui prend diverses pièces du puzzle qu’est notre vie pour les réaménager ensemble, leur redonner du sens et de la valeur.

Il y a un an, me raconte-t-elle, la mer a ramené une baleine, juste là. Elle l’a redonné aux gens, comme un symbole. Elle avait le cœur gros comme l’océan, et tous les humains qui l’ont vue ont dû se recueillir devant tant de grandeur. Cette grand-mère baleine qui portait en son sein tous ces gens qui la regardaient.

L’enfant est revenue aujourd’hui, un an jour pour jour, la saluer.
Elle revient lui rendre hommage, lui faire honneur.

Parce que c’est tout ce qu’elle a le pouvoir de faire, avec ses petites mains.

CDP_Maryse

Je t’entends, te vois, petite fille.

Un jour, tu recevras mon appel.
Un jour, je viendrai chez toi.

 

Maryse Goudreau envisage la mémoire, la transmission du savoir, comme une arme contre l’insouciance et la désolidarisation. Dans son travail, c’est moins l’oeuvre elle-même que la prise de vue, que la rencontre qui entoure cette oeuvre, qui l’intéresse le plus. Pour Le chant des pistes, elle s’intéresse au phénomène des baleines échouées aux Îles-de-la-Madeleine et aux os conservés. Elle invite également les Madelinots, le 22 juin, à une prise de vue collective au Musée de la mer.

Comme une maison.

CDP_AdrianaRyan

Je ne vois pas devant et pourtant il y a un horizon.
Découpé, tissé, recoupé.
Un horizon en courtepointe, pour que les histoires avancent, et moi avec elles.

Un mouvement infini d’ascension d’une côte, de voyagements, de portée de la voix. Une histoire qui se colle à une autre, puis à une autre, puis encore à une autre.

Une histoire sans fin parce que chaque histoire nous amène ailleurs, que chaque histoire est un point de départ.

Et que chaque espace qui les porte est un abri, un rayon de lumière dans la tornade.

 

Adriana Kuiper et Ryan Suter récoltent les histoires d’errance et de nature dans leur abri situé présentement à la microbrasserie À l’abri de la tempête. Ils entendent les diffuser par leur propre mécanisme, un chariot de radios qu’ils porteront à vélo sur la route qui longe la mer des Îles. Une séance d’écoute collective aura également lieu le 23 juin prochain, à la microbrasserie.

Solstice avec Lindsay Dobbin et Jane Motin

Crédit photo : Nigel Quinn

Lindsay Dobbin débutera la semaine de présentation du Chant des pistes le 21 juin à 5h avec une Cérémonie du lever de Soleil dans les grottes de la plage de la Dune du Sud.

À 7h30, elle se déplace vers les Buttes des Demoiselles pour l’évènement d’ouverture : Les sentiers invisible, une marche au tambour dont le point de départ est le Centre Culturel de Havre-Aubert.

9h : déjeuner au Café de la Grave.

À 10h, Jane Motin vous invite à une marche collective partant de son lieu de travail La Petite Saline pour nous faire re-découvrir le territoire qu’elle a arpenté tout au long de la résidence.

À 19h, Manon Lacelle et Nathaël Molaison ont préparé une soirée de contes et de récits au Quartier Général, 518, ch. Gros Cap.

Rien que le bruit de mes pas dans le foin.

Un pas devant l’autre.
Pas à pas.
Cloc. Cloc.

CDP_JaneMotin

Clop clop. Clop clop.
La pluie sur le calepin et le dessin qui s’effrite.
Ma tête sous les nuages.
Un portait au plomb, effacé.

Au-dessus de moi, une gloire.

Je suis traversé de lumière, envahi d’un souffle qui ne m’appartient pas.
Perforé, je laisse échapper des pieds de vent.

Par ma bouche, mes yeux et ma mémoire.

Cloc. Cloc. Cloc. Cloc.
Mon pas qui traverse l’océan jusqu’à l’archipel.
Mon pas qui dessine, écrit, fusionne.
Mon pas qui embrasse les vagues quand ce sont elles qui me traversent.

Mon pas que je ramène avec moi, seul souvenir du passage.

 

Jane Motin est une artiste de la Manche (Normandie) dont le travail se concentre essentiellement sur le geste de créer et sa décomposition. Moins proche d’une vision performative de l’art que de ses sensations, elle envisage Le chant des pistes comme une occasion de privilégier les rencontres, ce pourquoi elle invite les Madelinots à une marche collective le 21 juin.

Chercheur de trésors.

Près de la mer un jeune homme, béret gris sur la tête, s’avance en traînant les pieds, faisant chanter le sable alors qu’il avance.

Il a sur les oreilles d’étranges écouteurs, et entre les mains un petit appareil qui lui sert à enregistrer. De loin, on dirait un enquêteur, un archéologue en quête de trésors.

En fait, il cherche bel et bien un trésor.

CDP_SamuelThulin

Je le vois, tendant ses oreilles comme des filets à papillons, des filets à sons qu’il enregistre, conserve, met dans sa boîte. Pour quoi faire? que je me demande. Pour quoi faire, tous ces sons épars, attrapés au vol, parfois sans distinction?

 

 

 

 

 

 

 

C’est tout simple. Pour faire ce que les sons font toujours, lorsqu’on réussit à les coller ensemble.
De la musique.

 

 

 

La musique qui naît de l’assemblage des sons.
Comme si le son, à travers le jeune homme, devenait musique.

Presque sans qu’il y touche.

Et avec tout ça, créer une route.
Un parcours où la musique existe, juste parce qu’on existe nous aussi dedans.

 

 

CDP-WEB-160405-icones-ST-roseSamuel Thulin crée des « chemins sonores » à partir des bruits qu’il capte et enregistre. Mixant le son après l’enregistrement, il utilise le looping, joue avec les niveaux, la rapidité et la tonalité des sons pour créer des mélodies ou des environnements sonores inclusifs, qui intègrent également le rythme de l’environnement où il se situe. Il souhaite créer, pour Le chant des pistes, une conversation avec les lieux qui nous sont chers, une sorte d’île, de trajet musical à suivre.

Capter le vent.

Silence.

 

 

Je marche à petits pas, me promène entre les dunes.

 

Pour l’instant, le vent est délicat.
Il m’accueille simplement, sans trop faire de vagues.
Je prends mon temps.

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le vent, ici, ne se repose presque jamais.
les gens disent qu’ils se sont habitués ainsi.
qu’on questionne son absence, qu’on célèbre son retour.
qu’il fait danser la mer quand commence le dégel. c’est ainsi qu’il s’annonce.

 

 

 

Un chemin invisible se dessine.
Je veux le suivre.

La route du vent.
Du silence.

 

 

 

Lors de la création d’un tambour, la tradition impose, par respect de l’animal dont a utilisé la peau, de n’y toucher qu’après trois jours. Je contemple l’instrument en silence, pendant que l’animal se redéfinit.

Il y a quelque chose d’infiniment puissant dans ce silence qui précède.
Ce silence qui annonce le premier coup.

Avant que j’y touche, ce son n’a jamais existé.

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Ce son, c’est mon offrande au monde.
Détonation de la parole. Une parole dont je ne suis pas la mère, pas plus que l’enfant.

 

Habitée par le silence, je laisse parler les chemins invisibles.

 

 

 

 

Lindsay Dobbin approche l’art sonore de manière sensible, en écoute active du monde et de l’environnement. En « collaboration avec la nature », elle aborde Le chant des pistes avec un esprit ouvert, disponible à ce qui se présentera à elle. La musique pour elle se vit comme une expérience dont elle est le transmetteur, le canal à travers lequel passe une voix. C’est une manière de créer un espace. C’est dans cette optique qu’elle aborde l’ouverture du Chant des pistes, ouverture qui se fera au matin du 21 juin. Elle souhaite créer quelque chose avec les gens qui seront présents, forger un instant dans le territoire des Îles-de-la-Madeleine.